2008
En mettant en scène ce Don Quichotte à la Comédie-Française, Émilie Valantin, offre à la troupe l’occasion d’expérimenter le travail avec des marionnettes, de les manipuler, de partager la scène, de jouer véritablement avec elles. De tailles diverses, tantôt presque humaines, tantôt plus petites et actionnées par en-dessous, elles peuplent le plateau de multiples dulcinées, comtesses, duègnes à désenchanter, un Apollon à défendre, mais aussi de mauvais poètes, des juges, des plaignants et des assaillants pour éprouver Sancho… Avec le temps, de nombreuses lectures de la pièce sont devenues possibles.
Comment ne pas voir notamment dans le développement considérable, voulu par Da Silva, du personnage de Sancho, une force profonde de la pièce et une signification très actuelle ? Bouffon grossier, suffisant et ivre de pouvoir, il tend un miroir limpide aux Sancho d’aujourd’hui qui ricanent à tout propos et se protègent de la pensée par la dérision. Les folies de Don Quichotte, que tous s’acharnent à vouloir guérir, valent mieux que la goguenardise débordante de son écuyer. J.H.
Est né en 1705 au Brésil dans une famille bourgeoise juive. Venu au Portugal faire des études de droit, il est pourchassé par l’Inquisition et emprisonné en 1726. Il est de nouveau arrêté en 1739 et meurt brûlé en place publique, pourchassé à cause de sa religion, peut-être aussi à cause du caractère subversif que représentait le théâtre aux yeux de l’Église. Ses commentateurs le surnomment généralement par la suite « le Juif ».
Auteur considéré comme un des plus importants de la dramaturgie baroque portugaise, on lui connaît huit pièces, souvent qualifiées d’« opéras » à cause des nombreux airs qu’elles renferment. Jouées avec succès du vivant de Da Silva, elles n’ont été publiées qu’en 1744. Ont été traduits récemment en français, outre Don Quichotte, La Vie d’Ésope, Amphitryon ou Jupiter et Alcmène et Les Guerres du romarin et de la marjolaine. J.H.
Don Quichotte et Sancho Pança
Comment Don Quichotte, chevalier errant, et Sancho, son écuyer, partirent pour de nouvelles aventures. Qui ils rencontrèrent ou crurent rencontrer, quels combats ils engagèrent, quels terribles animaux et ennemis ils affrontèrent, par quels moyens ils descendirent dans la grotte de Montésinos puis atteignirent le Parnasse, quels enchantements furent défaits par Don Quichotte, quels jugements rendus par Sancho… En 1733, António José da Silva reprend à son compte, en les parodiant, quelques-unes des plus célèbres péripéties du roman de Cervantès. Il en invente à son tour, y joint des couplets et les confie au Théâtre du Bairro Alto de Lisbonne et à ses grandes marionnettes, qu’accompagnent chanteurs et comédiens. Les changements de décors, les apparitions, les envols, ajoutent au divertissement le spectaculaire et font de ce Don Quichotte un des sommets de la dramaturgie portugaise du XVIIIe siècle. J.H.
Avec le mécénat de Grant Thornton
et le soutien de la Fondation Jacques Toja ainsi que de la Fondation Calouste Gulbenkian.
Atelier du Théâtre du Fust
Émilie VALANTIN
assistée de
François MORINIÈRE
avec la participation de
Élodie MAIRE, Isabelle SCHÄLLER, Lola ROZÉ et Jean-Pierre SKALKA