Après ma sortie du conservatoire d’art dramatique de Lyon, où je me spécialisais dans
“l’emploi”, au sens classique du terme, de valet de comédie, je créais le rôle de Scapin
dans une production lyonnaise.
Au cours de tournées ultérieures, et suite aux empêchements successifs de plusieurs
comédiens de la troupe, je fus appelé pour endosser leurs personnages, si bien que je
finis par savoir plusieurs des rôles masculins de la pièce ; l’idée d’un spectacle en soliste
commença à germer dans mon esprit.
Peu de temps après, l’interpellation d’un ancien directeur du Guignol de Lyon afin de
monter la pièce en marionnette avec l’accent lyonnais me guida sur une piste nouvelle,
même si ce projet ne vit pas le jour : celui d’un “Scapin / Manipulateur”. Enfin, quinze ans
d’expérience avec Emilie Valantin me confortent dans la faisabilité d’un spectacle en
soliste avec des marionnettes.
Ma proposition vient apporter au répertoire de la Cie Emilie Valantin un contrepoint
classique, pour prendre en compte la nécessité de créer ou recréer des repères sur le
théâtre. Le personnage de Scapin, qui laisse le choix de plusieurs degrés de lecture, est
une des sources de l’art de “l’innocence / insolence”, associée à la solitude sociale, et à
l’auto-dérision. Nous avons déjà exploré cette attitude, si compatible avec la marionnette,
dans J’ai gêné, et je gênerai sur des textes de Daniil Harms, et avec le personnage du
Zay, inspiré des contes de Nasr-Eddin, dans le répertoire des Castelets.
On pourrait évoquer aussi Guignol et Karageuz, etc.
Il s’agit d’une adaptation par coupes (ce qu’on appelle “réduction”) des Fourberies de
Scapin de Molière, d’une durée d’environ 1h15. C’est une performance d’acteur qui peut se
jouer en salle ou en plein air, avec des sacs, des leviers de déchargements, huit
marionnettes de grande taille (130 cm environ), un comédien manipulateur et un régisseur.
Afin d’éviter les deux écueils que représentent la reconstitution historique et la
réactualisation artificielle, l’action se situe dans un passé imaginaire assouplissant les
références historiques des décors et costumes, afin de mieux coller à l’esprit de l’œuvre
qui est celui d’une “farce” au sens culinaire du terme ; c’est-à-dire, une conglomération
d’aliments et d’éléments.