d’après des textes de Daniil Harms.
Mise en scène d’Émilie Valantin, assistée de Jean Sclavis.
Scénographie de Nicolas Valantin.
Musique de Serge Besset.
Coproduction : Villa Gillet-Unité de Recherches Contemporaines (Lyon).
Présenté au Festival d’Avignon 94, Théâtre de l’Odéon 96, Edimbourg 97, Espace Go de Montréal 2001.
Avec le soutien de l’AFAA-Association Française d’Action Artistique-Ministère des Affaires Etrangères
“J’ai gêné et je gênerai”
…”dit Mychine, et il resta étendu par terre”…
On peut considérer cette affirmation comme la devise prophétique de Daniil Harms qui effectivement, renonça à se lever pour changer le cours des choses… mais dont l’entreprise posthume de déranger, au passé et au futur, mérite d’être reprise et mise en relief ! Sans céder à la tentation d’endosser la prostration de Harms (bien que l’agitation qui camoufle l’inertie collective nous insupporte aussi), nous retrousserons les manches pour répercuter les chocs des poings sur les gueules, les éclaboussures de soupe, le claquement des portes et des dentiers, la caresse sur les bas de soie… Pour faire coexister Harms et ses élucubrations sans abuser du dédoublement comédien/marionnette, nous l’avons enfermé dans un lourd cadre constructiviste : là, tantôt dominant, tantôt dominé par ses personnages, il dispose de trappes et de fenêtres pour les faire surgir ou pour s’en débarrasser…
Nous avons choisi parmi les écrits les plus tardifs de Harms, dégagés de la provocation “transrationnelle” des premières années (1924 – 1930). Harms affine le dosage de l’absurde en écrivant des scènes très construites et des textes théoriques qui recoupent son journal. Le désespoir distille alors une parole authentiquement pernicieuse.
Emilie Valantin- juin 1993